En vacances dans les Alpes pendant l'été
1973, j'ai trouvé ma Kübel qui m'attendait parmis les épaves
d'un garage dans la Drome; mon beau-frère m'avait demandé si
j'avais vu la "jeep allemande" à la ville voisine, j'y étais
allé voir, et pendant que je regardais, une voix me proposa: "Ca vous
intéresse ? elle est à vous pour 2400 Francs (à peu
près 400 $US)
Interrogé, le garagiste m'expliqua que, avec les nouvelle lois écologiques, il avait été sommé de nettoyer les alentours de son garage, et qu'il était prèt à laisser la Kübel partir pour le prix du moteur VW 1200 quasi-neuf (1500 km) qu'il y avait mis.
La pauvre chose était alors en triste état (voit la photo à
droite) avec l'avant enfoncé, les tôles inférieures de protection avant
et arrière manquantes, les ailes avant pendant lamentablement
sous le poid de grilles de phares de GMC, et comme la tuyauterie
d'essence
était pourrie, un jerrycan, avec un petit robinet de cuivre brazé,
avait été boulonné au dessus de l'aile arrière
pour faire l'alimentation du moteur; avec les vibrations, le robinet se
refermait
tout seul après environ une demi-heure de route, et le moteur
s'arrètait faute de carburant; ce qui rendait la conduite
intéressante, car la Kübel n'avait alors pas de démarreur.
Elle n'avait pas non plus de pot d'échappement, aucune lumière
à l'arrière, pas de siège arrière, des sièges
avant de Vespa 400, et si le frein à pied fonctionnait, c'était
seulement pour
ce qui est des tambours avant-gauche et arrière-droit, et il n'y avait
pas de frein à main.
Oh jours heureux d'avant le contrôle technique...
Le garagiste me promit d'y mettre un échappement et un démarreur, et j'y retournai deux semaines plus tard pour prendre possession de la chose.
J'y passais d'abord une journée à bricoller une installation electrique provisoire avec un tableau de bord fait d'une boite à biscuits et quelques interrupteurs qui controlaient des feux rouges, clignotants et phares; les paraboles des phares recurent une couche de peinture aluminium, pour cacher leur condition scandaleuse, et je opouvais maintenant montrer quelque lumières, devant comme derrière, comme gage de ma bonne foi. La voiture avait maintenant un silencieux, et un démarreur, mais elle ne démarrait toujours pas; je devais trouver bien plus tard qu'il y manquait une connection de masse entre moteur et chassis..... Mais elle démarrait fort bien à la poussette, il suffisait de ne pas caler dans une côte. Plus tard, j'appris à demarrer sans peine avec une poignée à cliquet et une douille de 32, çà marche fort bien.
Et je rentrais chez moi, 600 kilomètres sans le moindre problème et sans rencontrer la Gendarmerie (Pour le cas où j'aurais rencontré ces derniers, j'étais en uniforme d'officier de l'Armée Française, çà peut aider...) mais je suis arrivé complètement gelé, pas de capote sur la voiture et à l'arrivée, il y avait cinq centimètres de neige sur le siège du passager avant.
Et la quète commença pour trouver tout ce qui
manquait; un premier coup de bol, un copain qui venait d'acheter un phare
de black-out Notek à une bourse; après, çà a
été facile; entre le concessionnaire VW du coin, qui prit vite
l'habitude de mettre le catalogue papier sur le comptoir dès qu'il me voyait
entrer, l'adhésion à un club de véhicules militaires,
l'Escadron de l'Histoire, en France, où je devais rester quinze ans
comme secrétaire aux adhésions, je finis par trouver des sources
de pièces, connaitre des gens qui avaient des stocks de vieilles
pièces à échanger, ou bien qui reproduisaient divers
morceaux. J'en fabriquais moi-même, pour pouvoir échanger avec
d'autres. Et quand vint l'heure de la vendre, en 1998, pour émigrer
au Paraguay, il faut admettre que ma Kübel était en meilleur
état que quand je l'avais achetée. J'avais entre-temps
échangé le motuer 1200cc de 1968 pour un de 1954, puis
échangé ce dernier pour un 1131cc de 1944 que son
propriétaire ne voulait plus; ce dernier moteur était certes
moins puissant, mais celà ne semblait pas affecter les capacités
du véhicule en conduite tout-terrain; moins de puissance = moins de
patinage dans la boue.
Je regrette d'avoir du l'abandonner, mais il n'eut pas été raisonable de la faire venir ici, où les pièces auraient été encore plus difficiles à trouver. Je sais qu'elle est là où on prendra soin d'elle, et pendant tout le temps que je l'ai eue, elle m'a donné beaucoup de satisfaction, et m'a permis de rencontrer un grand nombre de collectionneurs et d'enthousiastes de voitures anciennes, dont je garde pour la plupart le meilleur souvenir..
Renaud OLGIATI 1999
Ma Kübelwagen:
Numéro de chassis : 6345
Dates de construction :
Ambi-Budd Presswerke Decembre 1941
Volkswagenwerk Janvier 1942
Première immatriculation civile (française):
1948, en Algérie, département de Constantine
KSTORYF R.Olgiati 22 04 2020